Essais 2023-2028 : les observations continuent à l'automne !
Octobre 2025
Qu'est-ce que la science citoyenne ?
Lorsque nous parlons de science citoyenne, nous faisons référence à la recherche qui s'appuie sur des données collectées par des personnes extérieures aux institutions scientifiques traditionnelles. Il s'agit d'une manière d'ouvrir la science à la société, tout en atteignant des niveaux d'observation qui seraient impossibles à atteindre pour les chercheurs seuls.
La science citoyenne a des racines profondes. Dans certains pays, ces efforts ont commencé il y a plus de deux cents ans. Par exemple, le réseau d'observation des coccinelles en Belgique a été créé en 1800 et a accumulé plus de 80 000 enregistrements depuis lors ! De même, le réseau d'observation phénologique en Autriche est actif de manière intermittente depuis 1851. Dans ces premiers projets, les citoyens suivaient des protocoles exigeants, répétaient des observations ou manipulaient même des équipements spécialisés. Cependant, la portée géographique de leurs observations restait limitée.
Au fil du temps, les progrès technologiques tels qu'Internet et les smartphones ont transformé ce que la science citoyenne peut accomplir. Aujourd'hui, de nombreux projets touchent des milliers de personnes à travers les pays, voire les continents, en demandant des données plus simples, voire simplement des photographies – pensez au célèbre réseau iNaturalist.
À partir de projets locaux impliquant une poignée de bénévoles engagés, la science citoyenne a évolué vers des initiatives à grande échelle qui recueillent des données précieuses mais simples auprès de milliers de participants à travers les pays et les professions, souvent avec rien de plus qu'un smartphone. Qu'en est-il de MyGardenOfTrees ?
MyGardenOfTrees est différent.
Qu'est-ce que la science citoyenne nouvelle génération ?
MyGardenOfTrees fait entrer la science citoyenne dans le domaine des expériences coordonnées distribuées (CDE), dans lesquelles des équipes collaboratrices mènent des expériences sur plusieurs sites tout en suivant le même protocole. Il est difficile d'atteindre une telle échelle temporelle et spatiale tout en gérant des expériences complexes, mais MyGardenOfTrees relève ce défi en faisant appel à des professionnels qui apportent une contribution significative à la recherche et aident à traduire les résultats en politiques et en actions. Cette approche collaborative repose sur plusieurs atouts clés :
La science citoyenne nouvelle génération : quand citoyens et scientifiques co-créent des solutions durables. NGCS propose aux citoyens des travaux très intéressants, en lien avec leur profession. Par exemple, dans MyGardenOfTrees, des forestiers et des scientifiques spécialisés dans les forêts coopèrent pour mener une expérience à l'échelle européenne afin de conseiller les décisions en matière de migration assistée.
Participation soutenue : les participants à MyGardenOfTrees retournent régulièrement dans leurs micro-jardins pour surveiller la germination, la survie et la croissance des graines au fil des saisons et des années.
Expérimentation active : les participants ne se contentent pas d'observer la nature, ils mènent des expériences en semant des graines provenant de différentes origines dans des conditions contrôlées.
Fidélité et complexité du protocole : les participants suivent des protocoles standardisés pour la collecte des données, garantissant ainsi que les résultats sont directement comparables entre des centaines de sites.
Diversité spatiale : grâce à des micro-jardins répartis dans toute l'Europe, le projet permet de suivre les réponses des plantes dans un large éventail de conditions climatiques et environnementales.
Profondeur temporelle : comme les observations sont répétées sur plusieurs années, les données offrent un aperçu rare de la dynamique précoce des forêts dans le contexte du changement climatique.
Tout cela est possible grâce à l'engagement d'un groupe de participants très particulier : les forestiers. Ils apportent à la fois leur expérience pratique et leurs connaissances professionnelles, ce qui leur permet de mener à bien des tâches expérimentales complexes tout en ayant un intérêt réel dans les résultats.
Cette collaboration place MyGardenOfTrees dans ce que nous appelons la science citoyenne de nouvelle génération (NGCS), des initiatives dans lesquelles les participants apportent leur expertise spécialisée et jouent un rôle actif dans des recherches structurées et fondées sur des hypothèses. Comme l'illustre la figure ci-dessus, MyGardenOfTrees se situe à l'interface entre la science citoyenne traditionnelle et les expériences distribuées coordonnées menées par des scientifiques, repoussant ainsi les limites de ce que la science participative peut accomplir.
Les scientifiques et les forestiers co-créent des solutions durables
La force des conclusions scientifiques dépend directement de la qualité et de la cohérence des données qui les sous-tendent.
Dans MyGardenOfTrees, chaque observation que vous enregistrez contribue à la constitution d'un ensemble unique de données à l'échelle du continent sur la germination des graines et la croissance des semis dans différentes conditions environnementales. Les observations issues du réseau coordonné de micro-jardins seront essentielles pour tester la façon dont le sapin blanc et le hêtre réagissent aux variations climatiques, informations qui permettront en fin de compte d'étayer les décisions relatives à l'adaptation des forêts et à la migration assistée.
Que pouvons-nous en retenir pour la science citoyenne en général ?
L'importance de la structure : des protocoles et des supports de formation clairs et standardisés garantissent la comparabilité des données collectées sur des centaines de sites.
L'importance de la communauté : les gens restent engagés lorsqu'ils ont le sentiment de participer à une aventure scientifique commune, et pas seulement lorsqu'ils soumettent une seule mesure.
Le retour d'information est important : le partage des mises à jour et des premières conclusions (comme dans ce blog ou dans la page des résultats de ce site web) renforce la motivation et rappelle aux participants que chaque observation a de la valeur
Ces principes montrent que la science citoyenne est plus efficace lorsqu'elle devient une collaboration entre les citoyens et les chercheurs, fondée sur un objectif commun et la confiance.
Votre engagement a déjà démontré que la science citoyenne peut atteindre un nouveau niveau de rigueur et d'engagement. À mesure que la collecte de données se poursuit, vos observations constitueront la base pour comprendre comment les arbres s'établissent, poussent et survivent sous différents climats.
Ces connaissances seront essentielles pour répondre à l'une des questions les plus pressantes de la foresterie moderne :
Comment pouvons-nous utiliser les résultats scientifiques pour guider la migration assistée et aider les forêts à s'adapter aux conditions futures ?
Ensemble, nous prouvons que la science citoyenne ne se résume pas à la participation, mais qu'il s'agit de co-créer la science qui contribuera à la préservation de nos forêts.
Juin 2022
Les humains déplacent des espèces depuis des siècles
La migration assistée (MA) est le déplacement, avec l'aide de l'homme, d'individus vers un nouveau lieu. Les forestiers et les jardiniers déplacent des plantes depuis des siècles, et certaines de ces introductions ont entraîné la propagation d'espèces non indigènes à l'échelle continentale. Par exemple, le robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia L.) a été introduit en Europe principalement pour la stabilisation des sols, la production de miel et la qualité de son bois dur. Bien qu'il continue à fournir ces services écosystémiques importants, il présente des risques d'invasion dans les prairies indigènes à forte biodiversité. L'équilibre entre les risques et les avantages de ces translocations n'est souvent pas clair, et la MA est de plus en plus proposée comme stratégie "active" de conservation et d'adaptation au changement climatique pour les arbres forestiers.
La migration assistée (MA) : que cache ce terme ?
La MA peut impliquer divers types d'intervention humaine (Fig. 1, Scénarios) qui comportent des avantages et des risques très différents. Les "ingrédients" de la MA sont une population hôte et une population donneuse qui peuvent présenter des caractéristiques biologiques différentes (Fig.1). La population hôte est un ensemble d'individus d'une espèce et d'une région donnée qui se reproduisent entre eux et qui sont soumis à une menace réelle ou perçue de changement environnemental. La population donneuse est également une collection d'individus d'une espèce (identique à l'hôte ou différente) située dans un lieu géographique différent et considérée, sur la base de preuves directes ou (principalement) indirectes, comme un bon candidat pour remplacer la population hôte ou s'y mélanger.
Dans le cas du robinier faux-acacia, comme il n'y a pas de parents indigènes de l'espèce en Europe, son introduction peut être qualifiée de colonisation assistée. Dans ce cas, les avantages sont principalement économiques : production de miel, stabilisation des sols et production de bois. En ce qui concerne les risques, le robinier peut devenir une menace pour l'ensemble d'un écosystème, comme dans le cas des prairies à haute diversité, et s'accompagner d'un risque élevé d'envahissement.
Fig. 1. Caractéristiques des différents types de migration assistée et leurs risques et avantages.
Flux génétique assisté : les risques et les avantages sont inhérents à la génétique
Lorsque la population hôte et la population donneuse sont génétiquement similaires (ou apparentées) l'une à l'autre, on parle de flux génétique assisté (FGA). Son nom fait référence à son objectif, qui est de "déplacer les gènes" de la population donneuse pour qu'ils s'intègrent à la population hôte après quelques générations de croisement (appelé introgression). Les risques et les avantages sont principalement liés à l'hybridation entre deux populations. Dans le cadre de la FGA, les avantages économiques souvent controversés de la MA ne sont pas pertinents : la translocation est motivée par la préservation de l'écosystème dans un état aussi proche que possible de son état actuel, c'est-à-dire avec l'ensemble de sa biodiversité et de ses fonctions. Nous espérons y parvenir en manipulant uniquement les espèces fondatrices de l'écosystème. En outre, dans le cadre de la FGA, les risques d'invasion ou d'importation de maladies et de parasites, voire d'effondrement de l'ensemble de l'écosystème, sont minimes. En revanche, les principaux avantages de la FGA sont la dépression de reproduction et l'incompatibilité des hybrides. La compréhension de ces risques nécessite souvent une recherche expérimentale à long terme et une compréhension de l'évolution et de la génétique, ce qui peut rendre le transfert de connaissances difficile. Très brièvement, lorsque des populations qui ont eu une histoire évolutive indépendante pendant une longue période, leur matériel génétique peut évoluer dans un sens tel que lorsque les membres de ces populations se croisent, leur survie et leur croissance sont faibles, inférieures à celles des populations parentales.
Mai 2022
Les essais de provenances sont utilisés pour comparer les traits de croissance de graines issues de différentes provenances établies depuis 50 ans ou plus.
Les graines récoltées à l'automne sont séchées et stockées jusqu'au printemps suivant ou pour une année ultérieure.
Les graines sont stratifiées artificiellement pour rompre la dormance des graines.
Les graines croissent en plantules dans l'environnement idéal et contrôlé d'une pépinière (1).
Les sites de plantation à long terme sont préparés pour recevoir les jeunes plants (2) après une importante préparation du sol (3).
Compte tenu de l'ampleur du travail et de l'espace requis, les essais de provenance sont établis sur un nombre limité de sites (4).
Les micro-jardins sont utilisés pour comparer la croissance et la capacité de régénération de différentes provenances et familles dans de nombreux environnements différents.
Les graines sont collectées à l'automne et envoyées aux participants forestiers.
Les graines sont placées dans la forêt sans préparation du sol (1 & 2).
Les graines non traitées sont directement plantées dans le sol (2).
Les graines/semences ne sont pas perturbées. Le seul traitement fourni est la protection contre la prédation des souris/oiseaux (3).
Les essais de MyGardenOfTrees sont mis en place dans des forêts à de multiples endroits dans et au-delà de l'aire de répartition naturelle de l'espèce.